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Classification : Relation au vivant et agroécologies

Résumé : Le projet PlantCoopLab entame une réflexion entièrement nouvelle à l’INRAE puisqu’il considère les plantes en tant qu’entités dotées d’autonomie (agentivité) avec qui il s’agit de coopérer. Il s’inscrit dans le prolongement d’une étude amorcée il y a 10 ans sous l’angle de l’éthique végétale. Les conclusions republiées cette année en français dans un ouvrage de référence révèlent les impasses théoriques d’une conception purement mécaniste réduisant les plantes à de simples matériaux. L’entrée par le travail adoptée dans PlantCoopLab permet d’inscrire la réalité agentive au premier plan, là-même où des coopérations productives sont à l’œuvre. Le projet remet ainsi en scène les relations plantes-humains qui sont au fondement de l’agriculture et qui n’ont que récemment été reléguées au second plan des objectifs de production, voire occultées. Il vise à montrer en quoi ces relations sont une composante essentielle des pratiques d’écologisation pour produire des nourritures durables et peuvent servir de modèle pour concevoir des Solutions fondées sur la Nature dans le contexte propre à l’agriculture. Ce projet en SHS est ouvert à la pluridisciplinarité et à la transdisciplinarité avec une diversité d’acteurs concernés. Il est financé par la Fondation Daniel et Nina Carasso (2021-2023) et fait l’objet d’une collaboration inter-unités du département ACT (SADAPT et Innovation) en partenariat avec l’Université de Limoges.

Contexte et enjeux : Le "tournant végétal" du 21ème siècle incite à revisiter le statut et les représentations multiples des plantes et à leur reconnaître une part d’ « agentivité », ou autonomie, au-delà de simples capacités conditionnées. Cette attention nouvelle aux plantes est source de questionnements éthiques et porteuse d'enseignements et d'innovations pour accompagner l'évolution des pratiques productives et des comportements alimentaires plus sensibles aux relations avec le vivant.

Résultats : Le projet PlantCoopLab est le premier projet financé en France pour étudier les relations plantes-humains dans le contexte de l’alimentation durable, c’est-à-dire dans un contexte habituellement conçu comme devant nécessairement soumettre les plantes à des logiques instrumentalisantes et utilitaristes. L’ancrage de cette conception dans la théorie de la science elle-même est retracé dans un texte-clé d’éthique végétale paru cette année en français. Le webinaire d’ouverture du séminaire de recherche PlantCoopLab visait à rompre avec cette conception en s’inspirant de l’étude des animaux au travail. Cette première journée d’étude a rassemblé plus de 50 participants, dont des praticiens réunis à Limoges, autour de la problématique du « travail » végétal dans les pratiques productives : en quoi les plantes sont-elles des partenaires de travail ? Comment cette question est-elle mobilisée pour une écologisation des pratiques ?

Perspectives : Le projet de recherche PlantCoopLab se poursuivra dans une dynamique de sciences participatives en intégrant des paroles d’acteurs professionnels, des études de terrain et de biosémiotique. Son objectif est de faire émerger des énoncés communs à partir de ressources essentiellement non exprimées ou peu explicites et d’en tirer les bases d’une éthique relationnelle avec les plantes pour l’écologisation des pratiques de production nourricière.

Valorisation : Des publications sur différents supports sont destinées à préfigurer un document de référence pour structurer ce nouveau champ de réflexion au sein de l’agriculture. Plusieurs communications ont été apportées au cours du congrès mondial de l’agriculture biologique 2021.

Références bibliographiques : Congretel Mélanie et Pinton Florence. 2016. Disqualifier pour qualifier : enjeux et acteurs de la constitution d’une identité standard pour le guaraná de Maués. Développement durable et territoires 7(3) : DOI : 10.4000/developpementdurable.11415
Estebanez Jean et Porcher Jocelyne (dir.). 2019. Animal labor: a new perspective on human-animal relations. Transcript Verlag / Columbia University Press : Londres
Javelle Aurelie. 2016. Les relations homme-nature dans la transition agroécologique. L’Harmattan : Paris
Pouteau Sylvie. 2021. Par-delà de « seconds animaux » : donner sens à une éthique pour les plantes. In :
Textes clés de philosophie du végétal. Botanique, épistémologie, ontologie. Vrin : Paris, 319-374. ISBN 978-2-7116-2975-6
Pouteau Sylvie. 2018. Plants as open beings : from aesthetics to plant-human ethics. In Plant Ethics: Concepts and applications. Routledge : London/New York, 82-97. https://doi.org/10.4324/9781315114392